Les relations humaines sont vraiment une catastrophe. Pas étonnant que les zapars se retirent dans leur coin et refusent les contacts qui leur font du mal.
Simone, la cinquantaine, arrive chez sa mère qui est en train de repasser un drap pour elle. Le drap blanc est plié en deux, le premier côté est déjà repassé, elle est aux trois quarts du deuxième côté et demande à sa fille de l’aider à le plier. Simone lui dit qu’il suffit de le plier au milieu et s’étonne que sa mère ait besoin d’aide pour plier un drap.
Thérèse, la mère, lui répond qu’elle a toujours fait ainsi et ne changera pas. Simone s’énerve, il n’en faut pas plus que cela pour une zapare en errance, quand elle regarde sa mère séparer les deux côtés du drap plié dans le sens de la longueur pour le plier dans le sens de la largeur!!! Et elle lui répond que si elle s’entête à faire toujours les choses de la manière surannée, alors qu’il y a plus pratique, il faut savoir plier le drap toute seule, et Simone retourne à sa préparation spéciale pour la cuisine, tout en entendant encore sa mère lui maugréer, “moi, j’pourrais pas non plus vivre comme toi!”
Pour Noël, Simone qui est au RSA avait offert à certains des membres de sa famille, le livre de Cécile Best à 19,90€. Neuf personnes en tout pour 179,10€, alors que les miettes que l’État laisse aux personnes au RSA totalisent 152,45€ pour les cadeaux de Noël. Sa propre sœur ne l’a pas lu, sa mère passe tout ce qui est psychologique sous silence, certains hommes de la maison mettent cet état de fait en doute, “la zaparité, ça n’existe pas” ou “tu es surdouée?” alors qu’ils ne voient que le masque et n’ont aucune idée de ce qui se cache derrière et de sa souffrance au quotidien. C’est comme cela que l’on pousse les gens au suicide: obliger une zapare à devenir stupide pour cadrer avec le reste, c’est comme obliger un homosexuel à devenir hétéro pour cadrer avec le reste. C’est la même lutte, le même dégoût, mais les homos au moins ont un lobby, les zapars ne sortent pas de leur trou, puisqu’ils souffrent trop! On tourne en rond, et seule une personne gentille qui les accepte tels qu’ils sont pourraient les faire sortir de leur misère.
Pour l’histoire du drap, c’est une question qui taraude encore Simone, alors qu’au repas, sa mère avait déjà tout oublié, mais elle saura toujours trouver la bonne pique au moment où il ne faut pas! De son côté, Simone toujours à la recherche d’idées pour se simplifier le travail-corvée, toujours prête à apprendre une nouvelle façon de faire plus rapide, mais signifiant un changement, oublie parfois que changer les habitudes n’est pas associé à la simplicité pour une personne de 80 ans! Et si on lui rétorque qu’elle pourrait être contente que sa mère lui repasse les draps, elle a l’habitude de rétorquer qu’elle n’a pas forcément besoin de draps repassés et que dans les années 50, on repassait même les caleçons!