Un être soi-disant normal ne peut s’imaginer les nombreuses difficultés auxquelles nous sommes confrontés en tant que surdoués. Et pourtant, si nous voulons avoir des échanges avec ces personnes, nous devons apprendre à nous comprendre et à nous accepter mutuellement tels que nous sommes. Les surdoués comme nous doivent constamment gérer les pressions de toutes sortes pour se conformer à la norme, à des ressentiments ou à des hostilités même pas cachées. Tiraillés au quotidien entre l’exigence des autres de faire comme eux et notre pression intérieure, notre capacité à ne pas pouvoir penser autrement que hors du cadre, cela épuise et pèse sur l’équilibre psychique.
Cécile écrit que “découvrir et accepter son surdon à l’âge adulte arrive, dans de nombreux cas, à l’occasion d’une crise d’identité d’une violence particulière“. Dans mon cas, je sais depuis près de 16 ans que je suis différente, en fait depuis bien plus longtemps, mais j’en souffre réellement depuis plus de 15 ans, c’est d’ailleurs une des raisons principales pour lesquelles je suis revenue d’Allemagne. Je pensais que cela irait mieux en France, mon pays d’origine, que je pourrais vivre de la coopération au développement, que l’économie solidaire était prise au sérieux, faire un travail utile. Mais pour cela il nous faut de la coopération et non pas de la concurrence. Je pensais aussi que ceux qui m’ont initiée à la Spirale Dynamique et qui m’ont montré que j’étais positionnée au niveau Jaune-Turquoise avec des pointes dans Corail, alors que mon entourage est à Bleu-Orange, avec des pointes en Vert, m’aideraient à gagner ma vie, à coopérer avec d’autres initiés. Perdu sur toute la ligne, je n’ai même plus quelqu’un avec qui parler.
“Quel que soit le besoin, qu’il soit de revanche ou d’accomplissement, identifier et baliser le nouveau chemin de sa vie est essentiel.” Je pleure souvent de ne pas arriver à sortir de mon trou, de ne pas trouver les aides dont j’ai besoin, de penser avec le cœur au milieu de gens qui pensent avec le porte-monnaie, cela fait si mal, alors que je connais mon potentiel. Dans son livre, Cécile présente différentes thérapies pour se faire aider, mais quand si peu de personnes savent ce qu’est la douance, il est extrêmement difficile de trouver des mentors ou des coachs dont la bienveillance est garantie et qui sont eux-mêmes surdoués et c’est pourtant vital dans la situation dans laquelle certains d’entre nous se trouvent. Mais je me contenterais même d’un ou d’une mentore bienveillante non surdouée.
La maison pour les surdoués en errance est mon seul et unique espoir, une maison à la campagne avec un grand terrain loin du bruit. Comme les psychologues ne sont pas formés aux surdoués, qu’ils ne nous comprennent pas, nous ne pouvons qu’être nos propres psychologues, nous traiter et traiter ceux qui viendront en séjour chez nous dans la bienveillance. Nous serons alors vraiment des humains à l’écoute de nos besoins et de ceux des autres. Dans quel monde vivons-nous où des personnes à haut potentiel sont abandonnées dans la souffrance quotidienne?
La société au travers des médias, des connaissances, de la famille ou des amis, nous présente la méditation comme le remède miracle pour une sérénité intérieure face à la complexité de la vie. Avant de rentrer dans le vif du sujet, rappelons-nous que la “synchronisation des deux hémisphères cérébraux favorise non seulement la sérénité, mais mieux encore, et de façon très surprenante, elle favorise l’émission d’ondes gamma, celles que l’on identifie quand l’individu est en pleine créativité ou en résolution de problèmes (ce qui signifie donc une très haute activité cérébrale débarrassée de toute pollution émotionnelle).”
Dans le livre de Cécile Bost, j’apprends qu’on présente le moine bouddhiste français, Mathieu Ricard, comme l’homme le plus heureux du monde. Personnellement, je pense qu’un homme, qu’une femme ne peut être heureuse que si elle manque totalement d’empathie et se détourne de ces centaines de millions de souffrances quotidiennes. On peut avoir des instants de bonheur intense, mais être heureux, j’en doute. Il me faudrait demander au moine lui-même.
Cela fait très longtemps que je m’observe et que j’observe les autres et je vois très bien que ce qui me rend heureuse, ce qui me rend joyeuse et que ce n’est pas du tout ce qui rend d’autres heureux ou joyeux. Évidemment, la base nécessaire sont des pensées positives et je pense que pour en avoir, il faut être de bonne humeur. “L’humeur joue un rôle central dans la constitution de pensées dysfonctionnelles et la rechute dépressive.”
La méditation est présentée comme un moyen d’arrêter ses pensées négatives. Visiblement, cela marche pour certaines personnes, mais cela n’a jamais fonctionné chez moi. Ce n’est que maintenant, après lecture de la page 219 du livre “Différence et souffrance de l’adulte surdoué” que je comprends mieux également pourquoi je n’aime pas la méditation. Cécile écrit en parlant de cette posture venue d’Orient: “Cette pratique est à la portée de tous… à condition d’être motivé et persévérant – écueil possible pour les surdoués hyperactifs et souvent impulsifs, qui éprouvent plus de difficultés à envisager les différentes étapes du chemin que le chemin lui-même, et chez lesquels la motivation est parfaitement fluctuante s’ils ne se découvrent pas une passion pour ce à quoi ils se sont attelés.”
Je suis tout à fait dans cet esprit, une passionnée. Ma passion pour le Sahel ne subit aucun dommage alors que vu ma solitude, alors qu’avec tous les obstacles que j’ai dû affronter par le passé et qui encombrent encore souvent mon chemin, d’autres auraient abandonné depuis longtemps. Mais la méditation n’est rien pour moi, cet exercice quotidien de 45 minutes, ni même de 10 ou 15 minutes préconisés par d’autres moins rigoureux, je ne le tiendrais pas une semaine. Je ne supporte pas le train-train quotidien. Du reste, j’ai tendance à penser que j’ai eu suffisamment de méditation avec tant d’années de solitude, seule avec moi et mes pensées qui tournent en rond que je n’ai plus besoin de méditation pendant un bout de temps.
Avec Cécile, je découvre la thérapie des schémas. Destinée à des personnes pour lesquelles “suivre un protocole précis est difficile au regard d’un niveau de perturbation et de souffrance trop important (ceux qui ne peuvent faire appel à leur mémoire sans être immédiatement submergés par leurs émotions), et qui résistent aux thérapies cognitivo-comportementales classiques.” Cela s’approche déjà de ma vision des choses.
“En psychologie, “un “schéma” est une mémoire constituée de sensations corporelles, d’émotions, de cognitions, de tendances à l’action ((serait-se aussi s’immiscer dans certaines affaires d’autrui?)) et de souvenirs narratifs. Il est fait d’expériences traumatiques diverses qui se sont transformées en souffrance chronique et envahissante. Le schéma s’accompagne souvent de stratégies mémorisées depuis l’enfance (avant même le développement du langage, quand l’enfant ne peut verbaliser ce qu’il vit). Ainsi, les événements ultérieurs à la situation du passé, sont-ils, à l’âge adulte, toujours interprétés de la même façon et au désavantage de l’individu.”
Vu que la méditation n’est rien pour moi et que le manque d’accompagnement intelligent me fait souffrir, je vais poursuivre mes recherches.
Cécile a besoin de se libérer de nombreux carcans, pas moi. Je me suis toujours battue pour ma liberté, je ne me suis jamais mariée, n’ai pas voulu d’enfants, me suis lancée en profession libérale, en chef d’entreprises et au RSA, tout pour la liberté. La personne qui m’accompagnera sera donc différente de celle de Cécile.
Je n’ai pas non plus de peurs à surmonter, quelles étaient celles de Cécile?
Le soutien bienveillant d’une ou de plusieurs personnes est vital pour moi, primordial pour elle. Elle trouve ces caractéristiques du surdon encombrantes, moi j’en suis contente, elles me permettent de faire ce que je sais, de savoir ce que je sais, d’imaginer ce que j’imagine, d’être une personne unique au milieu d’autres êtres uniques à leur manière.
Je lis très souvent que les surdoués ont peur de se faire remarquer, peur d’être différents, car ils veulent à tout prix être comme les autres. Chez moi, c’est à 16 ans qu’on m’a dit que j’allais avoir une vie extraordinaire, inhabituelle, je ne sais plus le mot exact employé. J’y ai donc été habituée assez tôt et je n’ai pas ces problèmes. Je ne suis pas non plus frappée par l’inhibition intellectuelle qui consiste à se dévalorisée, à manquer de confiance en soi. Je connais très bien mes talents et mes compétences à force de les utiliser et à force d’auto-observation.
Faire le deuil d’une certaine vie, comme a dû le faire Cécile sans doute, me fait sourire. Car pour moi, la vie que je me suis construite, il n’y en a pas d’autre possible, elle me correspond parfaitement. Mais j’avoue que je ne m’attendais pas à tant de douleurs et de souffrances au point même que cela devient parfois insupportable. Je n’avais rien anticipé, j’avais pensé que les Alsaciens étaient maintenant suffisamment évolués, quand je suis revenue en 2002, pour soutenir une femme qui passe du capitalisme à l’humanisme suite à un appel de la conscience qui n’est visiblement pas octroyé à beaucoup de personnes. Mais je n’avais pas pensé à la puissance de l’égo des autres qui étaient en contact avec moi.
Je ne me suis jamais auto-limitée, pas à pas j’ai évolué, j’ai fait ce que j’ai voulu faire, ou presque. Les échecs sont certes nombreux, mais ce qui compte c’est d’avoir essayé et j’ai toujours encore l’espoir de réussir. Au contraire de Cécile, je n’ai pas non plus envisagé d’outrepasser les règles du conformisme, je l’ai fait parce que c’était dans ma nature, et j’ai été confirmée par les autres que je n’étais pas comme eux.
Mon enfance est loin derrière mois et elle s’est passée tout normalement. Je n’ai pas eu à faire un choix comme de nombreux surdoués entre renier mon don ou risquer le rejet. A l’école, plutôt au lycée, mon don n’était pas prononcé, tout au plus en langues. J’ai été éduquée comme on a élevé les enfants dans les années 60.
“Pas le temps”, “trop occupé”, “ne le prends pas personnellement”, ce sont des mots que j’entends tous les jours qui ont fait de ma vie un enfer. Et certains d’entre eux ont le toupet de dire que mes problèmes sont de ma faute!
Dans la ville-faubourg de Strasbourg où j’habite, nous sommes 6500 habitants, si l’on prend 30% de mineurs, il reste 4550 habitants. J’enlève encore 30% de retraités âgés et de personnes malades, il reste alors 2600 habitants et avec un potentiel de zapar surdoués de 2%, cela fait 52 personnes, comment les trouver?
Voici une conversation de Karine sur Facebook.
Aline: Les 2% sont partout Karine. Parmi les mineurs, parmi les retraités, les “malades” (d’où ma mise à poil), partout. Et après? Faut-il pour autant faire du “communautarisme”? C’est quoi la vie?
Karine: Certes, mais les mineurs manquent d’expérience pour des discussions intéressantes, et je n’ai pas de patience avec les retraités âgés et les malades.
Aline: Tu as essayé et tu as été terriblement déçue?
Karine: J’ai l’expérience des relations humaines et sais très bien ce qui est bon pour moi et ce qui me stresse ou frustre et que j’essaie donc d’éviter.
Leila: Il y a des membres ici de Strasbourg, regarde la carte …
Karine: Oui, Leila, un seul, avec une tête de mort comme photo de profil, cela ne me branche pas du tout!
Aline: Je crois avoir “expérimenté” pas mal de mes congénères. Mais je ne sais pas. J’apprends chaque jour. Ce que je sais, c’est que ce n’est pas un état qui fait l’Autre. Il peut être vieux, jeune, bien portant, malade, DRH, manutentionnaire, il me débectera ou me séduira. J’apprends et j’essaie de ne jamais fermer la porte.
Leila: Karine: préjugé !!! Ce type est juste génial !!! Tu passerais à côté de quelqu’un de très intéressant si tu passais à côté! Et pour moi c’est la plus belle surprise de ces dernières semaines.
Karine: Peut-être Leila, mais ce genre de truc, cela me rebute totalement comme les tatouages, la ferraille dans le visage ou ailleurs, les cheveux vert, bleu ou rose. J’assume. Il doit y avoir comme une histoire de phéromones visuels…
Leila: Tu es libre! Mais si tu rejettes ainsi les autres sur des préjugés sans fondements sérieux, ne t’étonne pas que d’autres aient la même attitude avec toi avec des préjugés qui leur seront propres (je sors de ton blog). La tolérance doit être dans les deux sens et il faut appliquer d’abord ce que l’on voudrait que l’on nous applique.
Gaïus: Ce n’est pas qu’une tête de mort
Leila: Enfin, j’espère que ce groupe t’aidera à trouver une place plus satisfaisante.
Aline: T’es pas libre! Tu déconnes! Alors quoi? Je vais dire (… le vulgaire a été retiré) et c’est fini? À la corbeille les poètes maudits? Faut être bien comme il faut? Dans le rang? Je te renvoie à la phrase de Char.
Karine: Certes, Leila, avec l’intellect, tu as raison, mais l’instinct est plus fort et ce qui ne me plait pas, ne me plait pas, rien à faire. Je n’aime pas tout le monde et tout le monde ne m’aime pas, c’est clair!
Leila: Ce serait cohérent comme réponse si tu ne faisais pas un blog pour te lamenter sur le fait que personne ne t’aime.
Aline: Karine. On se fâche pas. On discute. C’est différent.
Leila: En fait, je n’ai pas de soucis avec le fait de ne pas aimer tout le monde mais j’ai un problème avec le fait de ne pas assumer pleinement le fait que les autres ne puissent pas t’aimer dans ce cas …
Karine: Je ne suis pas fâchée, on me fait régulièrement ce genre de remarque, mais c’est comme si tu disais à une fille “aime ce gars parce qu’il en vaut la peine”, peu importe ce qu’elle ressent.
Leila: Oui Karine, on ne se fâche pas! On discute hard mais on papote!!! Si on ne considère pas les autres au même niveau, capables d’encaisser ce que l’on dit, on ne parle pas … Ici on respecte assez les membres pour supposer qu’ils sauront être à égalité dans une discussion et le côté victime parce que surdoué maudit, on le tacle sévère sur le groupe. Sauf que la fille qui n’aime pas, ne se lamente pas ensuite qu’un autre ne l’aime pas … ça non.
Gaïus: Bonne nouvelle pour toi, tes chiffres sont faux. Du coup le nombre de rencontres possibles augmente, avec ou sans drapeau pirate. http://www.toutes-les-villes.com/67/strasbourg.html
Karine: On n’est pas égaux, je veux juste les mêmes droits pour tous, Leila.
Leila: Non! Tu veux que l’on t’accepte comme tu es, mais tu revendiques le droit de ne pas accepter les autres pour ce qu’ils sont. Les droits c’est pas un truc à géométrie variable!
Gaïus: Je vais juste me permettre une remarque, tout en reconnaissant que le choix de ma photo de profil peut être particulier, comment passes-tu de ‘je n’aime pas l’image employée’ à ‘je n’aime pas cette personne’. Car après tout, nous n’avons même pas conversé.
Leila: Et décréter que l’on n’aime que les africains, cela revient aussi à décréter que les européens sont, comme qui dirait, moins aimables … un genre de racisme inversé de l’habituel … pas cool non plus! Et également un drôle de préjugé vis à vis des africains … étonnant.
Karine: Mais, Leila, je ne demande à personne de changer, les tatoués peuvent rester tatoués, les piercés piercés, mais moi je n’aime pas. Et je sais que beaucoup n’aiment pas non plus ma douance ou d’autres n’aiment pas le fait de ne pas être ceci ou cela.
Leila: Alors c’est quoi ce sous-titre de blog: “abandonnée, exclue et seule au monde ?”
Karine: Gaïus, je n’ai pas dit que je n’aime pas la personne, j’ai juste dit que l’image ne me donne pas envie de faire sa connaissance, nuance.
Leila: Ah … c’est dur mais on progresse !!! Mais quand même on rame dur !!! Donc … elle n’a pas envie de faire ta connaissance, mais elle n’a pas dit qu’elle ne t’aimait pas … Tu as donc toutes tes chances Gaïus !!!
Géraldine: Salut salut, pourriez-vous préciser de quel blog vous parlez? J’arrive pas à comprendre, et j’aimerais bien le lire.
Leila: Je vais vous laisser papoter et encore une fois je te souhaite la bienvenue Karine, même si l’accueil est rude. Voici le blog http://surdouee-haut-potentiel.eklablog.net/ ((C’est l’ancien blog qui n’existe plus et que je suis en train de reconstruire ici.))
Il y a des tas de groupes sur le net où les membres se victimisent à loisir et se lamentent toute la journée sur leur pauvre et triste sort. Ce n’est pas le cas ici! Il n’est même pas envisageable que cela le devienne. J’espère que cela te conviendra malgré tout. Bonne soirée.
Karine: C’est sûr que si je dis que la tête de mort me rebute et que Gaïus le lit, cela risque de ne pas lui plaire, et qu’il risque de ne pas s’intéresser à ma personne, mais je maintiens que ma façon de voir les choses peut être différente de celle des autres.
Leila: Qui a dit le contraire? Je ne te reproche pas ta différence ou tes opinions. Je te reproche la mauvaise foi. Je le redis pour la dernière fois … difficile de se lamenter sur le fait que l’on n’est pas comprise, pas aimée, seule … quand on revendique le fait de pouvoir mettre à part des gens que l’on ne connaît pas sur la base de préjugé puéril. C’est un drôle de paradoxe!!!
Gaïus: Désolé, mais tes référentiels du monde HP ne me conviennent pas beaucoup: Hazan, Martinez, sont des usurpateurs. Des gens qui pensent que notre potentiel ne peut s’exprimer que dans le pathos… Pour tes propos sur ma photo de profil, je ne m’arrête pas à cela. Tu dis que tu n’aimes pas, je comprends. Mais encore une fois ce n’est pas une tête de mort, mais un drapeau pirate, pas n’importe lequel, puisqu’il évoque la liberté. Si j’avais envie d’attirer les foules j’aurais mis un chaton.
Karine: Je cherchais une réponse à une question bien précise, mais le débat est parti dans un autre sens qui ne me convient pas, je vais donc me coucher, bonne soirée.
Géraldine: Y a pas des rencontres à Strasbourg sur Zebra Crossing?
Leila: Certainement, et Zebra Crossing le forum et le groupe sont le plus gros rassemblement de SD avec beaucoup de surdoués maudits. Tu devrais aller y faire un tour!
Gaïus: En relisant ton post, je me demande pourquoi tu voudrais les rencontrer? Pourquoi spécifiquement eux, plus que d’autres.
Karine: Bonjour Gaïus,
Il me semble qu’on se connaît déjà. A force de lire ton nom, des images sont ressorties du passé. Je vois une carte carrée blanche avec des crayons de couleur debout où tu m’aurais noté un numéro de téléphone, de portable. Je vois un homme d’environ 1,70 m, des cheveux plutôt fins que épais, avec un léger mouvement, plutôt blond sombre, âge aujourd’hui peut-être 40-50 ans ou 50-60, c’est un peu confus, car cela date de plus de 10 ans. On était dans une salle où il y avait une conférence, un truc de politique ou de société alternative.
Pour la tête de mort, je fonctionne, comme beaucoup de gens par associations et je l’ai associée à des choses négatives sur des bouteilles de produits toxiques, la radiation nucléaire, etc. Sans doute que le drapeau au bout d’un mat aurait lancé chez moi une autre association, mais même un drapeau de pirate, je ne l’associe pas vraiment avec la liberté, mais plutôt aux choses sans foi ni loi. Les pirates, c’est plutôt un truc de petit et grand garçon, je suis un peu fleur bleue dans certains domaines. Tu connais le parti Les pirates qui existe en Allemagne?
Leila me faisait des reproches de ne pas être tolérante, de juger, d’avoir des préjugés sans fondement, mais elle fait exactement la même chose, puisqu’elle n’est pas tolérante envers mes particularités. En plus le terme aimer est si surfait. Je me reconnais totalement quand on dit des surdoués qu’ils ou elles fonctionnent d’abord avec les émotions. J’aime ou j’aime pas, ensuite je vais voir la suite.
Ces souvenirs du passé, c’est toi?
Pour ta dernière question, tu peux sûrement y répondre toi-même et pour la ville-faubourg, je ne parlais pas de Strasbourg, mais d’un quartier et je faisais des estimations.
Bon dimanche
Le sieur Gaïus n’a pas répondu à mon message privé. Et ce n’est pas parce que je suis seule au monde et abandonnée par tous, que je vais m’intéresser aux premiers venus!
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Et voilà donc le monde absurde dans lequel je vis et où j’essaye tout et n’importe quoi pour en sortir.
Son esprit de justice était aussi développé que le mien. Il ne savait pas que nous vivons avec de l’argent-dette (cf. les films pédagogiques à ce sujet sur YouTube). Il ne savait pas qu’après la colonisation, les pays colonisateurs allaient instaurer la néo-colonisation pour continuer à s’enrichir sur le dos des colonies en les laissant croire qu’on les aidaient en leur apportant de l’aide au développement qui est revenue en France en 6 fois sa valeur, parfois même en 8 fois. Il ne savait pas tout cela, mais il savait qu’il avait besoin de donner, de rendre le bien qu’il avait reçu au cours de son enfance et de ses années de jeune homme.
Alors que je cherchais quelque chose sur sa période difficile à Bordeaux, je suis tombée sur le site http://www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/schweitzera.html et la phrase “Albert Schweitzer était infiniment plus compliqué que le jeune homme que l’on découvre à travers “Souvenirs de mon enfance”. Son parcours est celui d’un homme de foi, de charité et d’espérance. Ses structures mentales sont très complexes”. Des structures mentales complexes sont une caractéristique des zapars, des personnes au fonctionnement du cerveau différent de la moyenne. Il est également très connu pour son intransigeance et son perfectionnisme qui sont d’autres caractéristiques de la surdouance.
“Ses idées politiques et religieuses le mettaient en porte-à-faux avec beaucoup de ses collègues” écrit le site et c’est souvent le cas des surdoués quand ils ne mettent pas leur masque pour passer inaperçus dans la société.
Faire plusieurs choses à la foi est également une caractéristique des surdoués: “Il résolut de mener de front la théologie, la philosophie aux Universités de Strasbourg (Kaiser-Wilhelm-Universität) et de Berlin ainsi que la musique.”
Son esprit de justice très développé envers l’Afrique apparaît ici: “Il semble alors à Albert Schweitzer que les hommes de couleur devraient pouvoir naturellement profiter des progrès et moyens efficaces contre la maladie et la douleur physique.” Nous parlons d’entraide et d’égalité dans la déclaration des droits de l’homme, mais les hommes politiques qui voudraient nous représenter font tout à fait l’opposé. Au contraire de la majorité des hommes soi-disant puissants, Albert Schweitzer avait l’avantage, comme le font aussi les surdoués qui sont en avance sur la société, de mettre sa vie en harmonie avec ses principes philosophiques et religieux. Il a une vision très moderne de la religion et “se refuse à comprendre le christianisme comme une religion axée sur l’au-delà, mais bien comme un message éthique devant transformer le monde.”
Mon cerveau est mon meilleur atout, mais aussi mon pire ennemi. Il me permet de faire tant de choses, mais il m’empêche aussi d’en faire tellement d’autres parce que j’ai besoin de soutien que personne n’est prêt à donner à la mesure de mes besoins. En tant que femme dans un monde d’hommes où la majorité se définissent comme le sexe fort, parce que la violence est de leur côté, la position d’une surdouée comme moi est très difficile.
Voici ce que Cécile Bost nous apprend dans son livre “Différence et souffrance de l’adulte surdoué” à propos de notre cerveau de surdouée.
Le cerveau des surdoués
Les différentes études menées (neuroanatomie et imagerie médicale) ont pu identifier les caractéristiques spécifiques des cerveaux des surdoués: l’architecture du cerveau est différente, de même que l’utilisation des deux hémisphères cérébraux.
Une architecture cérébrale différente qui rend le cerveau plus réactif chez les surdoués
Dans les grandes lignes, les premières recherches en neuroanatomie ont mis en évidence les points suivants:
Il n’y a pas de différence notable en ce qui concerne le poids du cerveau.
Il existe une possible corrélation positive entre taille du cerveau et degré d’intelligence (vraie pour les fonctions cognitives et rapidité de traitement de l’information, non avérée pour la mémorisation).
Une corrélation est avérée entre volume cérébral et intelligence verbale. ((Curieux, car il est connu que le cerveau des hommes est légèrement plus lourd que le cerveau des femmes, pourquoi sont-ils alors si nuls en intelligence verbale dans les couples?))
Dans les lobes qui concernent tout ce qui est sensoriel, mais aussi raisonnement (lobes frontaux et pariétaux), on constate que la densité des neurones chez les personnes surdouées est plus du double de la moyenne, soit plus de 200 milliards de neurones, et ce, quel que soit l’âge du sujet étudié ou la nature du talent qui lui est reconnu. Autrement dit: une plus grande quantité de neurones sensoriels explique leur plus grande capacité à capter de l’information; de même qu’une plus grande quantité de neurones moteurs explique leur plus grande réactivité et/ou plus grande finesse d’exécution.
On note l’influence de la testostérone dans la construction du cerveau. Elle joue dans la sexuation de l’embryon, qui se fait pendant les douze premières semaines de gestation. Or, depuis 1982, une étude a démontré qu’un excès de testostérone au-delà de la vingtième semaine de gestation a un impact important sur la construction du cerveau: ce taux élevé de testostérone semblerait en effet inhiber le développements de certaines parties de l’hémisphère gauche. Ce dernier est plus vulnérable au cours de la grossesse, car il a un développement plus tardif que l’hémisphère droit. Incidence de cet excès de testostérone: un développement compensatoire des aires qui régissent le calcul (dans l’hémisphère gauche); un développement des aires des aptitudes spatiales et musicales (situées dans l’hémisphère droit); plus de gauchers parmi les surdoués (main gauche gérée par l’hémisphère droit), et chez ceux qui sont droitiers, l’utilisation de la main gauche est plus facile; mais aussi de possibles déficits linguistiques (qui relèvent de l’hémisphère gauche); la dyslexie fait partie de ces déficits.
On note enfin que la matière blanche se constitue plus vite (et donc plus tôt) et est plus dense chez les surdoués que dans une population “normale”. La testostérone est, là encore, en cause.
Plus de matière grise, plus de matière blanche, cerveau droit plus développé… les “grosses têtes” ne sont pas loin. L’imagerie médicale a cependant permis de démontrer qu’il ne s’agit pas de taille de cerveau, mais bien du développement de celui-ci.
L’architecture du cerveau n’est pas la seule en cause. On observe également une interaction plus grande entre les deux hémisphères cérébraux chez les surdoués.
Une utilisation plus efficace des deux hémisphères cérébraux
L’utilisation de l’imagerie médicale permet de montrer que les surdoués utilisent leur cerveau différemment de la normale:
Pour certaines tâches (en particulier chez les mathématiciens), les deux hémisphères coopèrent et interagissent mieux et plus vite que dans la population standard. ((Je ne suis pas mathématicienne, mais j’aime bien les chiffres au contraire de beaucoup de femmes auxquelles j’ai parlé)). Une expérience faite a contrario par électroencéphalogramme et IRM montre que si les surdoués sont obligés de ne travailler qu’avec un seul hémisphère, ils sont plus lents que la population standard.
Le mode de raisonnement analogique fait appel, lors du raisonnement, à des aires cérébrales supplémentaires (non sollicitées chez les personnes “normales”) et spécifiques. ((Je sais depuis longtemps que je suis différente, maintenant je sais ce qui fait ma différence.))
L’activité électrique cérébrale est plus importante. Le transfert d’informations se fait à plus haut débit ou avec une meilleure utilisation des différentes aires du cerveau; seules sont utilisées les aires strictement indispensables à la résolution d’un problème, les autres aires sont inhibées. ((On m’a toujours répété que j’étais trop rapide et quand je suis dans une conversation avec une personne “normale”, je m’ennuie souvent de tous les détails sans intérêt pour moi dans une conversation, mais tout à fait utiles et nécessaires pour la personne “normale”. Par exemple, lorsque l’on fixe un rendez-vous avec une personne normale, si elle le décommande, parce qu’elle a eu un empêchement, pour moi cela suffit comme réponse, et cela n’enlèvera rien de la tristesse, de la douleur, du regret de ne pas avoir le rendez-vous escompté, alors que la personne “normale” pense qu’en faisant suivre sa réponse négative d’un flot d’explications, cela allègera la tristesse. Comme je ne sais pas comment fonctionnent les personnes “normales”, je ne peux que supposer que c’est bien le cas, sinon elles ne le feraient pas.))
Le cerveau surdoué consomme moins de glucose (d’énergie) pour le traitement de l’information: comme pour une voiture, à quantité d’essence identique (ici le glucose), son rendement est meilleur.
“Si tes neurones transmettent plus vite l’information, plus fort, de manière plus complète, avec plus de connexions… les messages arrivent plus forts et plus clair aussi.”
D’où l’intensité plus forte des émotions chez les surdoués: plus de neurones, donc plus de neurotransmetteurs qui jouent un rôle important dans nos apprentissages et dans nos émotions (il est plus facile de se souvenir d’une information quand elle a été acquise à la faveur d’une émotion forte). ((Je pourrais m’imaginer que ce soit aussi une raison pour laquelle des surdoués auraient plus de mal à pardonner, plus de mal à oublier, car la douleur ou la sensation est plus profonde. C’est pour cela que le nombre de suicides est bien plus important chez les surdoués que chez les autres individus.))
“Quand on a un si haut niveau d’intelligence, elle se retourne forcément un jour ou l’autre contre soi.” Cette phrase si vraie est tirée d’une série américaine qui démontre, une fois de plus, qu’une intelligence brillante n’a aucune chance face à la force brutale des concitoyens, surtout que l’intelligence ne bénéficie d’aucune aide, alors que la force brutale trouve toujours des imbéciles sans courage à soumettre à leur volonté.
Dans son livre, Cécile Bost écrit:
Le surdon: une réalité neurophysiologique porteuse de fragilités
Le surdon est une réalité neurophysiologique, attestée par de nombreuses communications scientifiques.
Mais cette réalité d’un cerveau plus performant apparaît porteuse de fragilités, physiques ou psychiques, ainsi que certains travaux le mettent en lumière. Beaucoup présentent les surdoués comme des dépressifs. Bien que susceptibles de souffrir de dépression comme chacun, ce peut être une dépression un peu particulière.
Il faut veiller à comprendre la véritable nature de cette dépression. Car l’intensité qui caractérise les émotions des surdoués (les fameuses hyperexcitabilités) semblerait fragiliser ces derniers au point que le taux de suicide serait dans cette population supérieur à celui constaté dans la population normale. (Le nombre d’études sur le sujet est encore insuffisant.)
Toutes ces fragilités méritent d’être à tout le moins mentionnées car, avec elles, le surdon n’apparaît plus forcément comme un don du ciel, mais plutôt comme un possible cadeau empoisonné.
Une réalité neurophysiologique
L’intelligence expliquée par le cerveau
Les neurosciences s’intéressent depuis le milieu du XIXe siècle au fonctionnement du cerveau, pour comprendre la raison des maladies neurologiques et psychiatriques, mais aussi pour comprendre le mode de fonctionnement d’individus qualifiés “d’éminents” ou de “géniaux”. Les cerveaux de Lénine, de Mendeleev et d’Einstein ont, par exemple, été étudiés.
Les neurosciences ont tranché depuis longtemps: le surdon existe. Ou plus exactement, il existe un ensemble de spécificités cérébrales qui “font” le surdon. On naît donc “surdoué”. Surtout, on le reste toute sa vie.
L’étude réalisée par un laboratoire du CNRS, déjà évoquée, est la première étude scientifique nationale française reconnue sur les enfants surdoués et rendue publique en 2002. Des études américaines, russes, finlandaises, israéliennes, anglaises, australiennes, ont porté aussi sur le cerveau des adultes surdoués. Divers types d’expériences ont été conduites pour identifier ce qui “constitue” le surdon et ce qui caractérise un surdoué. Deux types de conclusions ont pu être dressés:
L’architecture cellulaire cérébrale est différente (étude microscopique au binoculaire).
Le circuit du traitement de l’information l’est également (on a recouru à l’imagerie par résonance magnétique, (IRM), pour comprendre le circuit électrique du cerveau).
Le cerveau: comment ça marche?
Quelques informations un peu techniques ne semblent nécessaires pour mieux comprendre ce qui se passe.
Le cerveau est l’élément central de la gestion du corps (tout comme d’ailleurs de l’esprit, par le biais des émotions). Il passe son temps à identifier les besoins du corps et à veiller à les satisfaire en fonction de l’environnement dans lequel il se trouve. La transformation de l’information vers et dans le cerveau est donc essentielle pour permettre au corps de vivre: bouger, se reposer, se nourrir, se laver…
Le cerveau est divisé en deux hémisphères: droit et gauche. L’hémisphère droit gère tout le côté gauche du corps, l’hémisphère gauche tout le côté droit. L’hémisphère gauche est également sollicité pour la pensée linéaire et séquentielle, utile pour la lecture et l’écriture; tandis que l’hémisphère droit est sollicité pour la pensée créative, intuitive et visuelle (dont la reconnaissance des visages). Personne donc ne fonctionne qu’avec son cerveau droit ou qu’avec son cerveau gauche (sauf accident ou opération).
Chaque hémisphère est partagé en 4 lobes dans lesquels diverses fonctions sont gérées (langage, lecture, vision…).
A la surface du cerveau se trouve une pellicule, épaisse d’environ 3 à 4 millimètres… de matière grise (cortex cérébral). C’est là que l’on trouve les neurones.
Dès la naissance, tout être humain, surdoué ou non, possède environ 100 milliards de neurones. Chaque neurone établit en permanence en moyenne environ 7000 connexions de nature électriques (aussi appelées synapses) avec d’autres neurones par le biais de connecteurs appelés axones.
L’intelligence trouve sa source dans ces neurones et leurs connexions, car ces neurones captent, traitent et stockent l’information. Mais il ne sert à rien d’acquérir l’information si elle ne peut être traitée. C’est le rôle de la matière blanche! ((Au niveau de la personne entière, j’ai acquis énormément d’informations, de connaissances, de savoir, mais à quoi cela sert-il si personne n’a la capacité de les comprendre, de me comprendre? Je suis forcément dans l’auto-destruction, puisque personne ne vient à notre aide!))
Celle-ci est complémentaire de la matière grise. Elle est composée des axones (évoqués plus haut) qui connectent les neurones entre eux. Ces “câbles conducteurs” que sont les axones sont gainés d’une matière protectrice de couleur blanche (d’où le nom de “matière blanche”): c’est la myéline.
Le livre que j’ai commencé est celui de Cécile Bost “Différence et souffrance de l’adulte surdoué”. Il est construit autrement que mon premier “Trop intelligent pour être heureux”.
Je recopie un extrait du livre, page 194, en le commentant, car notre problème majeur, c’est de gérer le quotidien.
“Un surdoué est d’abord et avant tout un être d’une sensibilité physique et émotionnelle exacerbée, et d’une hyperémotivité, au coeur d’un combat de tous les instants, qui absorbe une partie majeure de son énergie personnelle quotidienne. ((Oui, je dois constamment me défendre contre les attaques des autres qui sans conscience aucune s’attaquent à mes droits et mes besoins.))
S’il n’y prend garde, cette hypersensibilité, qui se déclenche si facilement, peut avoir des répercussions très lourdes sur sa santé physique et psychique. Certains points doivent donc être particulièrement surveillés. ((Je fais tout pour justement rester dans mon équilibre et ne pas sombrer dans la déprime.))
Il existe heureusement diverses stratégies pour gérer le quotidien, pour éviter ou limiter le stress, pour vivre mieux avec les autres.
Les points à surveiller
Le surdon n’est pas vraiment une totale bénédiction pour son propriétaire. A côté de ce que j’ai pu évoquer en matière d’allergies, de maladies auto-immunes et de troubles psychiatriques, être surdoué, c’est aussi devoir faire face à des difficultés d’endormissement, à des insomnies, à des ruminations, à de l’anxiété (qui peut devenir chronique), à de l’anticipation anxieuse.((Là où je suis concernée personnellement, c’est les ruminations, j’essaye justement de les éviter en voulant changer de vie depuis 10ans et vivre avec d’autres qui m’ont toujours rejetée, et l’anticipation anxieuse.))Sans compter, bien sûr, les difficultés d’attention favorisées par l’impulsivité (et le manque de persévérance qui l’accompagne), et l’ennui. ((J’ai la joie de pouvoir bénéficier d’une importante persévérance pour suivre mon chemin, envers et contre tout, et je ne m’ennuie que très rarement, mais la douleur psychique du mépris, de l’indifférence, de l’abandon n’est pas moins insupportable et peut entraîner des douleurs physiques, c’est pour cela qu’il faut prendre les décisions qui s’imposent.))
C’est aussi à cause de ces différentes hypersensibilités et du stress qui en découle, que les surdoués risquent plus facilement l’hypertension artérielle (HTA) avec son lot de maladies cardio-vasculaires. ((Je préconise de faire une demi-heure de marche sportive tous les jours pour rester en forme.))
En parallèle, ils peuvent avoir un système digestif fragilisé, d’autant qu’il apparaît que les créatifs sont de petits porteurs de sérotonine (plus de 80% de la sérotonine dont dispose le corps sont assimilés par la sphère digestive, les quelques 20% restants étant assimilés par le cerveau).((Pour un bon système digestif, je pense qu’il est impératif de manger bio, des plats cuisinés par soi-même et beaucoup de fruits et légumes)).
Lorsque je suis revenue en France le 30 avril 2002, c’était ma deuxième tentative de retour, la première en l’an 2000 ayant échoué. J’avais abandonné peu à peu la traduction technique qui m’avait conduite à la solitude et aux dépressions récurrentes, et l’interprétariat en portugais n’était pas suffisant pour me permettre d’en vivre. L’interprétariat allemand-français pour des délégations africaines m’avaient révélé que j’arrivais à bien travailler, à bien m’entendre avec les Africains comme si nous avions des souches communes, comme si quelque chose d’invisible nous liait.
J’avais été au Lesotho et en Afrique du Sud pour 3 semaines de vacances en décembre 1987, puis au Sénégal en décembre 97 pour 3 mois. Ce sont mes observations de la société et des informations que j’ai eu par la suite sur le fonctionnement de l’aide au développement qui m’a fait comprendre l’importance et la responsabilité que nous citoyens honnêtes avons de faire de l’aide au développement privée comme le faisait Dr. Albert Schweitzer et comme le font de petites associations, car seuls 5% de l’aide de l’Etat va réellement au peuple, le reste est pour les dirigeants ou retourne en France par des obligations d’achat de produits français. Et les grandes associations s’accoquinent avec des multinationales pour obtenir des dons et ne sont alors plus libres de leurs choix, ni de leurs critiques. C’est pour cela que l’Afrique n’avance pas, car les aides que nous donnons ne sont que des miettes.
J’ai mis un an à retrouver des repères, à comprendre le fonctionnement de la France qui n’est pourtant pas si éloignée de l’Allemagne, mais qui fonctionne autrement. J’ai essayé de recréer de la coopération, du travail en réseau, mais c’est comme si une main invisible détruisait tout ce que je construis, personne ne me prend au sérieux, ni les DNA (journal régional de Strasbourg), ni les politiques, ni les religieux, ni les gens de gauche ou de droite.
J’ai mis un an à m’y retrouver en France. Je n’étais qu’à 150 km pour mes études, puis mon travail en Allemagne et je revenais régulièrement en France, mais j’ai vite compris que le fonctionnement des deux pays est totalement différent. J’ai donc essayé de reconstruire mon réseau altermondialiste, des contacts dans les alternatives en fait, mais la coopération est quasi nulle. Tout le monde ne court qu’après l’argent et les plaisirs futiles. Les associations qui font partie de l’économie solidaire ne savent même pas que ça existe. Comme je prends mes responsabilités au sérieux, j’ai recréé l’association pour le Sahel que j’avais en Allemagne et elle a été enregistrée en 2003. Là aussi, je suis le rocher dans la mer, les autres engagés varient souvent, ne tiennent pas sur le long terme. En 2004, j’ai créé une maison d’édition pour des nouvelles africaines, mais j’étais la seule à me battre, je l’ai donc liquidée au bout de trois ans. En 2006, j’ai créé une coopérative de commerce équitable qui devait aussi me sortir du RMI, mais l’État a ouvert les portes des grandes surfaces au bio et au commerce équitable et fermé en même les portes des petits magasins bio et de commerce équitable. La Loi du plus Fort encore et toujours.
Le texte d’un jeune de 25 ans du site “A fleur de peau” également touché par l’hypersensibilité m’inspire fortement, beaucoup de choses me ressemblent, mais j’ai plus du double de son âge et donc d’autres problèmes aussi. Je ne sais plus depuis quand je ne me suis plus sentie insouciante, prenant plaisir à la vie plus que l’espace d’un instant ou de quelques heures. J’écris des pages et des pages sur ma situation désastreuse sur mes nombreux blogs, mais mes lecteurs s’en moquent royalement. Et moi aussi, j’écris dans n’importe quelle circonstance afin d’expliquer ma situation de ce que je définis comme une accumulation de choses négatives dans ma vie dont l’origine m’est totalement inconnue.
Après toutes ces années à prendre sur moi, à essayer de mettre des mots sur ce que j’ai eu à endurer jusqu’à présent, je commence à perdre l’espoir conservé précieusement pendant ces longues années.
Comment puis-je être dans cet état alors que tout ce qui m’entoure ne pourrait que remplir ma vie de bonheur? Cette idée me met hors de moi. Enfin… Je ne peux qu’avouer que ce qui perdure est devenu vraiment insoutenable… Et cela, je le remarque réellement quand je ne vais pas bien et que la déprime s’installe. A ce moment-là, je ne souhaite qu’une chose: c’est que toutes ces pensées qui apparaissent contre mon gré s’effacent, que je puisse enfin avoir la joie que je devrais avoir et que la souffrance quotidienne ne soit plus.
Chaque jour, je joue à la limite du supportable. J’ai toujours cette impression d’être au bord d’une falaise, prête à tomber dans la démence. J’ai réussi jusque là à m’accrocher, à me contrôler et à prendre sur moi, car de toute façon qui le fera à ma place? Mais c’est un combat avec moi-même qui dure depuis longtemps, trop longtemps. De belles phrases, certes, mais qui ne permettent pas d’imaginer la difficulté que j’ai à en parler. Me lamenter de la sorte m’est insupportable et me résoudre à me dire et à dire que j’ai besoin d’aide l’est encore plus. Mais si je ne règle pas tous ces problèmes rapidement, cela risque fort de me rendre folle ou de me tuer…
Pour essayer d’arriver à faire comprendre ma situation actuelle, je vais résumer mon vécu depuis mon retour en France en 2002, mais dans un autre article.
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