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37-Mon cerveau est différent du vôtre

Mon cerveau est mon meilleur atout, mais aussi mon pire ennemi. Il me permet de faire tant de choses, mais il m’empêche aussi d’en faire tellement d’autres parce que j’ai besoin de soutien que personne n’est prêt à donner à la mesure de mes besoins. En tant que femme dans un monde d’hommes où la majorité se définissent Domination-masculinecomme le sexe fort, parce que la violence est de leur côté, la position d’une surdouée comme moi est très difficile.

Voici ce que Cécile Bost nous apprend dans son livre “Différence et souffrance de l’adulte surdoué” à propos de notre cerveau de surdouée.

Le cerveau des surdoués

Les différentes études menées (neuroanatomie et imagerie médicale) ont pu identifier les caractéristiques spécifiques des cerveaux des surdoués: l’architecture du cerveau est différente, de même que l’utilisation des deux hémisphères cérébraux.

Une architecture cérébrale différente qui rend le cerveau plus réactif chez les surdoués

Dans les grandes lignes, les premières recherches en neuroanatomie ont mis en évidence les points suivants:

  • Il n’y a pas de différence notable en ce qui concerne le poids du cerveau.
  • Il existe une possible corrélation positive entre taille du cerveau et degré d’intelligence (vraie pour les fonctions cognitives et rapidité de traitement de l’information, non avérée pour la mémorisation).
  • Une corrélation est avérée entre volume cérébral et intelligence verbale. ((Curieux, car il est connu que le cerveau des hommes est légèrement plus lourd que le cerveau des femmes, pourquoi sont-ils alors si nuls en intelligence verbale dans les couples?))
  • Dans les lobes qui concernent tout ce qui est sensoriel, mais aussi raisonnement (lobes frontaux et pariétaux), on constate que la densité des neurones chez les personnes surdouées est plus du double de la moyenne, soit plus de 200 milliards de neurones, et ce, quel que soit l’âge du sujet étudié ou la nature du talent qui lui est reconnu. Autrement dit: une plus grande quantité de neurones sensoriels explique leur plus grande capacité à capter de l’information; de même qu’une plus grande quantité de neurones moteurs explique leur plus grande réactivité et/ou plus grande finesse d’exécution.
  • On note l’influence de la testostérone dans la construction du cerveau. Elle joue dans la sexuation de l’embryon, qui se fait pendant les douze premières semaines de gestation. Or, depuis 1982, une étude a démontré qu’un excès de testostérone au-delà de la vingtième semaine de gestation a un impact important sur la construction du cerveau: ce taux élevé de testostérone semblerait en effet inhiber le développements de certaines parties de l’hémisphère gauche. Ce dernier est plus vulnérable au cours de la grossesse, car il a un développement plus tardif que l’hémisphère Taureaudroit. Incidence de cet excès de testostérone: un développement compensatoire des aires qui régissent le calcul (dans l’hémisphère gauche); un développement des aires des aptitudes spatiales et musicales (situées dans l’hémisphère droit); plus de gauchers parmi les surdoués (main gauche gérée par l’hémisphère droit), et chez ceux qui sont droitiers, l’utilisation de la main gauche est plus facile; mais aussi de possibles déficits linguistiques (qui relèvent de l’hémisphère gauche); la dyslexie fait partie de ces déficits.
  • On note enfin que la matière blanche se constitue plus vite (et donc plus tôt) et est plus dense chez les surdoués que dans une population “normale”. La testostérone est, là encore, en cause.

Plus de matière grise, plus de matière blanche, cerveau droit plus développé… les “grosses têtes” ne sont pas loin. L’imagerie médicale a cependant permis de démontrer qu’il ne s’agit pas de taille de cerveau, mais bien du développement de celui-ci.

L’architecture du cerveau n’est pas la seule en cause. On observe également une interaction plus grande entre les deux hémisphères cérébraux chez les surdoués.

Une utilisation plus efficace des deux hémisphères cérébraux

L’utilisation de l’imagerie médicale permet de montrer que les surdoués utilisent leur cerveau différemment de la normale:

  • Pour certaines tâches (en particulier chez les mathématiciens), les deux hémisphères coopèrent et interagissent mieux et plus vite que dans la population standard. ((Je ne suis pas mathématicienne, mais j’aime bien les chiffres au contraire de beaucoup de femmes auxquelles j’ai parlé)). Une expérience faite a contrario par électroencéphalogramme et IRM montre que si les surdoués sont obligés de ne travailler qu’avec un seul hémisphère, ils sont plus lents que la population standard.
  • Le mode de raisonnement analogique fait appel, lors du raisonnement, à des aires cérébrales supplémentaires (non sollicitées chez les personnes “normales”) et spécifiques. ((Je sais depuis longtemps que je suis différente, maintenant je sais ce qui fait ma différence.))
  • L’activité électrique cérébrale est plus importante. Le transfert d’informations se fait à plus haut débit ou avec une meilleure utilisation des différentes aires du cerveau; seules sont utilisées les aires strictement indispensables à la résolution d’un problème, les autres aires sont inhibées. ((On m’a toujours répété que j’étais trop rapide et quand je suis dans une conversation avec une personne “normale”, je m’ennuie souvent de tous les détails sans intérêt pour moi dans une conversation, mais tout à fait utiles et nécessaires pour la personne “normale”. Par exemple, lorsque l’on fixe un rendez-vous avec une personne normale, si elle le décommande, parce qu’elle a eu un empêchement, pour moi cela suffit comme réponse, et cela n’enlèvera rien de la tristesse, de la douleur, du regret de ne pas avoir le rendez-vous escompté, alors que la personne “normale” pense qu’en faisant suivre sa réponse négative d’un flot d’explications, cela allègera la tristesse. Comme je ne sais pas comment fonctionnent les personnes “normales”, je ne peux que supposer que c’est bien le cas, sinon elles ne le feraient pas.)) 
  • Le cerveau surdoué consomme moins de glucose (d’énergie) pour le traitement de l’information: comme pour une voiture, à quantité d’essence identique (ici le glucose), son rendement est meilleur.

“Si tes neurones transmettent plus vite l’information, plus fort, de manière plus complète, avec plus de connexions… les messages arrivent plus forts et plus clair aussi.”

D’où l’intensité plus forte des émotions chez les surdoués: plus de neurones, donc plus de neurotransmetteurs qui jouent un rôle important dans nos apprentissages et dans nos émotions (il est plus facile de se souvenir d’une information quand elle a été acquise à la faveur d’une émotion forte). ((Je pourrais m’imaginer que ce soit aussi une raison pour laquelle des surdoués auraient plus de mal à pardonner, plus de mal à oublier, car la douleur ou la sensation est plus profonde. C’est pour cela que le nombre de suicides est bien plus important chez les surdoués que chez les autres individus.))

36-L’intelligence et le cerveau

“Quand on a un si haut niveau d’intelligence, elle se retourne forcément un jour ou l’autre contre soi.” Cette phrase si vraie est tirée d’une série américaine qui démontre, une fois de plus, qu’une intelligence brillante n’a aucune chance face à la force brutale des concitoyens, surtout que l’intelligence ne bénéficie d’aucune aide, alors que la force brutale trouve toujours des imbéciles sans courage à soumettre à leur volonté.

Dans son livre, Cécile Bost écrit:

Le surdon: une réalité neurophysiologique porteuse de fragilités

Le surdon est une réalité neurophysiologique, attestée par de nombreuses communications scientifiques.

Mais cette réalité d’un cerveau plus performant apparaît porteuse de fragilités, physiques ou psychiques, ainsi que certains travaux le mettent en lumière. Beaucoup présentent les surdoués comme des dépressifs. Bien que susceptibles de souffrir de dépression comme chacun, ce peut être une dépression un peu particulière.

Il faut veiller à comprendre la véritable nature de cette dépression. Car l’intensité qui caractérise les émotions des surdoués (les fameuses hyperexcitabilités) semblerait fragiliser ces derniers au point que le taux de suicide serait dans cette population supérieur à celui constaté dans la population normale. (Le nombre d’études sur le sujet est encore insuffisant.)

Toutes ces fragilités méritent d’être à tout le moins mentionnées car, avec elles, le surdon n’apparaît plus forcément comme un don du ciel, mais plutôt comme un possible cadeau empoisonné.

Une réalité neurophysiologique

L’intelligence expliquée par le cerveau

Les neurosciences s’intéressent depuis le milieu du XIXe siècle au fonctionnement du cerveau, pour comprendre la raison des maladies Einstein 3neurologiques et psychiatriques, mais aussi pour comprendre le mode de fonctionnement d’individus qualifiés “d’éminents” ou de “géniaux”. Les cerveaux de Lénine, de Mendeleev et d’Einstein ont, par exemple, été étudiés.

Les neurosciences ont tranché depuis longtemps: le surdon existe. Ou plus exactement, il existe un ensemble de spécificités cérébrales qui “font” le surdon. On naît donc “surdoué”. Surtout, on le reste toute sa vie.

L’étude réalisée par un laboratoire du CNRS, déjà évoquée, est la première étude scientifique nationale française reconnue sur les enfants surdoués et rendue publique en 2002. Des études américaines, russes, finlandaises, israéliennes, anglaises, australiennes, ont porté aussi sur le cerveau des adultes surdoués. Divers types d’expériences ont été conduites pour identifier ce qui “constitue” le surdon et ce qui caractérise un surdoué. Deux types de conclusions ont pu être dressés:

  • L’architecture cellulaire cérébrale est différente (étude microscopique au binoculaire).
  • Le circuit du traitement de l’information l’est également (on a recouru à l’imagerie par résonance magnétique, (IRM), pour comprendre le circuit électrique du cerveau).

IRM-Imagerie par Résonance MagnétiqueLe cerveau: comment ça marche?

Quelques informations un peu techniques ne semblent nécessaires pour mieux comprendre ce qui se passe.

Le cerveau est l’élément central de la gestion du corps (tout comme d’ailleurs de l’esprit, par le biais des émotions). Il passe son temps à identifier les besoins du corps et à veiller à les satisfaire en fonction de l’environnement dans lequel il se trouve. La transformation de l’information vers et dans le cerveau est donc essentielle pour permettre au corps de vivre: bouger, se reposer, se nourrir, se laver…

Le cerveau est divisé en deux hémisphères: droit et gauche. L’hémisphère droit gère tout le côté gauche du corps, l’hémisphère gauche tout le côté droit. L’hémisphère gauche est également sollicité pour la pensée linéaire et séquentielle, utile pour la lecture et l’écriture; tandis que l’hémisphère droit est sollicité pour la pensée créative, intuitive et visuelle (dont la reconnaissance des visages). Personne donc ne fonctionne qu’avec son cerveau droit ou qu’avec son cerveau gauche (sauf accident ou opération).

Cerveau et les lobesChaque hémisphère est partagé en 4 lobes dans lesquels diverses fonctions sont gérées (langage, lecture, vision…).

A la surface du cerveau se trouve une pellicule, épaisse d’environ 3 à 4 millimètres… de matière grise (cortex cérébral). C’est là que l’on trouve les neurones.

Dès la naissance, tout être humain, surdoué ou non, possède environ 100 milliards de neurones. Chaque neurone établit en permanence en moyenne environ 7000 connexions de nature électriques (aussi appelées synapses) avec d’autres neurones par le biais de connecteurs appelés axones.

L’intelligence trouve sa source dans ces neurones et leurs connexions, car ces neurones captent, traitent et stockent l’information. Mais il ne sert à rien d’acquérir l’information si elle ne peut être traitée. C’est le rôle de la matière blanche! ((Au niveau de la personne entière, j’ai acquis énormément d’informations, de connaissances, de savoir, mais à quoi cela sert-il si personne n’a la capacité de les comprendre, de me comprendre? Je suis forcément dans l’auto-destruction, puisque personne ne vient à notre aide!))

Celle-ci est complémentaire de la matière grise. Elle est composée des axones (évoqués plus haut) qui connectent les neurones entre eux. Ces “câbles conducteurs” que sont les axones sont gainés d’une matière protectrice de couleur blanche (d’où le nom de “matière blanche”): c’est la myéline.