Mon cerveau est mon meilleur atout, mais aussi mon pire ennemi. Il me permet de faire tant de choses, mais il m’empêche aussi d’en faire tellement d’autres parce que j’ai besoin de soutien que personne n’est prêt à donner à la mesure de mes besoins. En tant que femme dans un monde d’hommes où la majorité se définissent comme le sexe fort, parce que la violence est de leur côté, la position d’une surdouée comme moi est très difficile.
Voici ce que Cécile Bost nous apprend dans son livre “Différence et souffrance de l’adulte surdoué” à propos de notre cerveau de surdouée.
Le cerveau des surdoués
Les différentes études menées (neuroanatomie et imagerie médicale) ont pu identifier les caractéristiques spécifiques des cerveaux des surdoués: l’architecture du cerveau est différente, de même que l’utilisation des deux hémisphères cérébraux.
Une architecture cérébrale différente qui rend le cerveau plus réactif chez les surdoués
Dans les grandes lignes, les premières recherches en neuroanatomie ont mis en évidence les points suivants:
- Il n’y a pas de différence notable en ce qui concerne le poids du cerveau.
- Il existe une possible corrélation positive entre taille du cerveau et degré d’intelligence (vraie pour les fonctions cognitives et rapidité de traitement de l’information, non avérée pour la mémorisation).
- Une corrélation est avérée entre volume cérébral et intelligence verbale. ((Curieux, car il est connu que le cerveau des hommes est légèrement plus lourd que le cerveau des femmes, pourquoi sont-ils alors si nuls en intelligence verbale dans les couples?))
- Dans les lobes qui concernent tout ce qui est sensoriel, mais aussi raisonnement (lobes frontaux et pariétaux), on constate que la densité des neurones chez les personnes surdouées est plus du double de la moyenne, soit plus de 200 milliards de neurones, et ce, quel que soit l’âge du sujet étudié ou la nature du talent qui lui est reconnu. Autrement dit: une plus grande quantité de neurones sensoriels explique leur plus grande capacité à capter de l’information; de même qu’une plus grande quantité de neurones moteurs explique leur plus grande réactivité et/ou plus grande finesse d’exécution.
- On note l’influence de la testostérone dans la construction du cerveau. Elle joue dans la sexuation de l’embryon, qui se fait pendant les douze premières semaines de gestation. Or, depuis 1982, une étude a démontré qu’un excès de testostérone au-delà de la vingtième semaine de gestation a un impact important sur la construction du cerveau: ce taux élevé de testostérone semblerait en effet inhiber le développements de certaines parties de l’hémisphère gauche. Ce dernier est plus vulnérable au cours de la grossesse, car il a un développement plus tardif que l’hémisphère droit. Incidence de cet excès de testostérone: un développement compensatoire des aires qui régissent le calcul (dans l’hémisphère gauche); un développement des aires des aptitudes spatiales et musicales (situées dans l’hémisphère droit); plus de gauchers parmi les surdoués (main gauche gérée par l’hémisphère droit), et chez ceux qui sont droitiers, l’utilisation de la main gauche est plus facile; mais aussi de possibles déficits linguistiques (qui relèvent de l’hémisphère gauche); la dyslexie fait partie de ces déficits.
- On note enfin que la matière blanche se constitue plus vite (et donc plus tôt) et est plus dense chez les surdoués que dans une population “normale”. La testostérone est, là encore, en cause.
Plus de matière grise, plus de matière blanche, cerveau droit plus développé… les “grosses têtes” ne sont pas loin. L’imagerie médicale a cependant permis de démontrer qu’il ne s’agit pas de taille de cerveau, mais bien du développement de celui-ci.
L’architecture du cerveau n’est pas la seule en cause. On observe également une interaction plus grande entre les deux hémisphères cérébraux chez les surdoués.
Une utilisation plus efficace des deux hémisphères cérébraux
L’utilisation de l’imagerie médicale permet de montrer que les surdoués utilisent leur cerveau différemment de la normale:
- Pour certaines tâches (en particulier chez les mathématiciens), les deux hémisphères coopèrent et interagissent mieux et plus vite que dans la population standard. ((Je ne suis pas mathématicienne, mais j’aime bien les chiffres au contraire de beaucoup de femmes auxquelles j’ai parlé)). Une expérience faite a contrario par électroencéphalogramme et IRM montre que si les surdoués sont obligés de ne travailler qu’avec un seul hémisphère, ils sont plus lents que la population standard.
- Le mode de raisonnement analogique fait appel, lors du raisonnement, à des aires cérébrales supplémentaires (non sollicitées chez les personnes “normales”) et spécifiques. ((Je sais depuis longtemps que je suis différente, maintenant je sais ce qui fait ma différence.))
- L’activité électrique cérébrale est plus importante. Le transfert d’informations se fait à plus haut débit ou avec une meilleure utilisation des différentes aires du cerveau; seules sont utilisées les aires strictement indispensables à la résolution d’un problème, les autres aires sont inhibées. ((On m’a toujours répété que j’étais trop rapide et quand je suis dans une conversation avec une personne “normale”, je m’ennuie souvent de tous les détails sans intérêt pour moi dans une conversation, mais tout à fait utiles et nécessaires pour la personne “normale”. Par exemple, lorsque l’on fixe un rendez-vous avec une personne normale, si elle le décommande, parce qu’elle a eu un empêchement, pour moi cela suffit comme réponse, et cela n’enlèvera rien de la tristesse, de la douleur, du regret de ne pas avoir le rendez-vous escompté, alors que la personne “normale” pense qu’en faisant suivre sa réponse négative d’un flot d’explications, cela allègera la tristesse. Comme je ne sais pas comment fonctionnent les personnes “normales”, je ne peux que supposer que c’est bien le cas, sinon elles ne le feraient pas.))
- Le cerveau surdoué consomme moins de glucose (d’énergie) pour le traitement de l’information: comme pour une voiture, à quantité d’essence identique (ici le glucose), son rendement est meilleur.
“Si tes neurones transmettent plus vite l’information, plus fort, de manière plus complète, avec plus de connexions… les messages arrivent plus forts et plus clair aussi.”
D’où l’intensité plus forte des émotions chez les surdoués: plus de neurones, donc plus de neurotransmetteurs qui jouent un rôle important dans nos apprentissages et dans nos émotions (il est plus facile de se souvenir d’une information quand elle a été acquise à la faveur d’une émotion forte). ((Je pourrais m’imaginer que ce soit aussi une raison pour laquelle des surdoués auraient plus de mal à pardonner, plus de mal à oublier, car la douleur ou la sensation est plus profonde. C’est pour cela que le nombre de suicides est bien plus important chez les surdoués que chez les autres individus.))