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80-Message de Léna

Hier, un commentaire avait atterri sur mon blog, Léna avait réagi à mon article “Solitude et résignation”. J’ai décidé de le reprendre et de le commenter, car cela peut être utile à d’autres.

Léna: J’ai lu ton message et j’ai pu y reconnaître beaucoup d’amis surdoués, en effet c’est parfois difficile d’entrer dans un groupe sans qu’ils remarquent notre différence.
Sofia: Je ne suis au courant de ma surdouance que depuis deux ans, mais en observant mes contacts sociaux passés, je pense avoir toujours cherché le duo ou trio, plutôt que les groupes, et si je devais participer à un groupe, je restais discrète, en observant, ou j’essayais de me rapprocher d’une personne. Je sentais sans doute instinctivement que ma différence n’était pas reconnue dans les grands groupes et que je me sentais disparaître dans la masse. Je sais depuis mes 16 ans que je suis différente, mais je n’en ai pas pris conscience où plutôt on ne m’avait pas fait sentir ma différence de manière désagréable à l’époque. Je suis traductrice de première formation, j’étais bien intégrée, jusqu’à ce que je comprenne le sens de ma vie qui n’est pas dans les traductions, mais dans le social et solidaire avec l’Afrique, une vocation en somme, que je ne peux toujours pas concrétiser par faute de moyens.

Léna: En général, ils le sentent malgré eux. C’est très difficile à vivre, je l’ai aussi vécu plusieurs fois dans ma vie. J’ai dû faire beaucoup d’efforts d’adaptation mais finalement, ça me prenait trop d’énergie.
Sofia: La société veut nous faire croire que que c’est seul l’effort physique qui fatigue, qui coûte de l’énergie, mais il n’ont aucune idée de la fatigue, de la perte d’énergie, de la souffrance, de ce qu’endurent les surdoués qui tournent en rond parce que ceux qui les entourent sont de parfaits crétins. (Mes termes excessifs sont dus à ma longue souffrance). C’est épuisant et éreintant de les croiser constamment et partout. A force de se sentir si différent et non accepté, on les regarde gigoter dans leur monde comme de petites marionnettes à des fils… et ça gigote et ça gigote. Ce sujet d’adaptation des jeunes et des efforts à faire ou ne pas faire m’intéresse beaucoup et particulièrement du côté féminin qui est aussi le mien. Je vais sûrement encore avoir à le traiter.

Phobie scolaireLéna: J’ai été en phobie scolaire pendant longtemps et j’ai fait l’école à la maison, le CNED. En revenant dans le “vrai” monde, j’ai vu que c’était toujours pareil.
Sofia: Au début, je m’étonnais de ce qu’on puisse avoir une phobie scolaire, cela me paraissait absurde, et puis je me suis rendue compte que c’est une phobie comme une autre et que bien sûr que ça existe, même si je n’arrive pas à ressentir ce que ressent une enfant qui a la phobie scolaire, d’ailleurs, en tant que parent, il ne doit pas être facile de faire la différence entre une vraie phobie scolaire et une fille qui joue du théâtre. Je suis heureuse de voir que Léna ou ses parents ont trouvé le remède à son problème. C’est d’ailleurs ce qu’il faut à chaque surdoué/e, il/elle doit trouver sa propre solution, mais il faut les aider, cela marche rarement sans aide extérieure. Moi, j’ai sans doute la phobie de l’autre, car la phobie sociale, c’est ne plus sortir du tout de son trou, si je suis bien informée.

Léna: Finalement, le seul remède efficace contre cela est d’assumer sa différence. A partir du moment où tu te diras: oui, je suis différent/différente et c’est ainsi, tu te sentiras déjà mieux.
Sofia: Cela me fait toujours rire quand je lis de tels messages, car je ne communique sans doute pas assez bien que j’assume ma différence, tout compte fait, c’est d’ailleurs depuis le fait que j’en ai vraiment pris conscience que je vais de plus en plus mal.

Léna: Ceux qui sont différents ont souvent beaucoup apporté au monde.
Sofia: J’irais même plus loin pour dire que ce ne sont que ceux qui sont différents qui font avancer le monde. Et depuis peu, je sais aussi que Martin Page est du même avis.

Léna: Ne fais pas l’erreur de te cacher ce que tu es vraiment. Tu verras que tu vas attirer à toi ceux qui pensent et vivent la même chose. Nous sommes beaucoup sur cette planète à être ainsi, tu es loin d’être seul/seule.
Sofia: C’est un bon conseil pour les jeunes qui font des études, qui sont adolescents ou jeunes professionnels et surtout qui ont des métiers, des professions, des vocations qui harmonisent avec les intérêts du courant dominant. Dans mon cas, je ne me cache rien, mais je cache mon Moi à la plupart des gens, car c’est juste trop éreintant de supporter leurs réactions ou leur indifférence.

Léna: On ne t’écoute pas? Alors écoute, écoute bien, et tu apprendras beaucoup. Laisse la colère et la tristesse à leur juste place et concentre-toi sur ce que tu veux vraiment, ce que tu aimes.
Sofia: Là aussi, Léna, c’est peut-être plutôt pour les plus jeunes parmi nous. Quand on fait l’expérience d’années, de dizaines d’années de rejet, alors qu’on sait très bien que ce qu’on a dans la tête rendrait le monde meilleur, alors la colère et la tristesse sont des compagnons, souvent de chaque instant. On ne peut s’en débarrasser que si l’on reçoit de l’aide extérieure pour concrétiser ce que l’on veut faire depuis si longtemps. Et comme ce n’est toujours pas le cas, je continue à tourner en rond. Mais, en France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées, donc je continue à tester mes idées.

Léna: Peut-être n’as-tu jamais remarqué que le garçon hyperactif de la classe vit la même souffrance mais l’exprime différemment. En observant et en écoutant, tu vas apprendre à reconnaître ceux qui ont la même blessure que toi.
Sofia: Comme dit, à l’école, je n’ai rien remarqué, mais sur le chemin de ma vie, depuis que j’ai lancé mon blog et sur Facebook, j’avais rencontré des personnes qui me correspondent, qui vivent des choses similaires aux miennes et avec lesquelles on voulait construire quelque chose de nouveau, un îlot de paix rien que pour nous, vivre et travailler ensemble. Mais il y avait finalement trop de pervers narcissiques sur Facebook, je me suis donc retirée.

Léna: Tu verras, c’est un long chemin qui apprend beaucoup sur soi-même et qui finalement, malgré toutes ces souffrances et ces hontes te serviront beaucoup plus tard. Ça te rendra plus fort/forte, plus conscient/conscient. Ne cherche pas à être “normal”, tu es original, tu es unique.
Sofia: Jolie conclusion pour les jeunes, Léna, et c’est bien vrai, mais il faut aussi être consciente que cette force effraie beaucoup de personnes. Seul rempart, se mettre ensemble par affinités.