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59-Surdouance et besoins

Comme tout être humain, un surdoué a également des besoins. Il y a bien sûr manger, boire, dormir, les trois classiques et là encore, certains pourraient déjà avoir des problèmes, moi je n’en ai, heureusement, pas là. J’en ai d’autres qui sont si difficiles à combler que je n’en ai pas besoin de plus.

Je suis une personne de communication et suis coupée de toute possibilité de communication car les besoins des autres dans ces domaines ne sont pas les mêmes que les miens. Les gens qui se pensent normaux passent beaucoup de temps à parler de gens et de choses, de ce que l’un et l’autre ont dit, de ce qu’il faut faire et ne pas faire, les actes qu’ils vont poser, mais qu’ils ne font pas en général ou ce qu’ils cherchent, des explications sur ce qu’ils font et pourquoi. Ce sont les esprits moyens et il y en a tellement que ceux qui en font partie n’ont aucun problème à trouver des personnes qui leur correspondent.

Pour les autres, il n’y a rien, c’est le désert le plus total. Quand on explique qu’on n’a personne à qui parler, les normo-pensants vous proposent les sites de rencontres, les sorties en ville ou de faire du bénévolat dans des associations. Quand on est une femme, la première chose à laquelle pensent les autres femmes, c’est le Bénévolat associatifbénévolat dans les Restos du Cœur, avec des personnes âgées ou handicapées, etc. Et il y a précisément trois domaines où je ne peux faire de bénévolat, ce sont les personnes âgées, les personnes handicapées ou malades et les nourrissons. Les premiers et les seconds parce que mon impatience ne s’accommode pas de leur lenteur dans tous les domaines, les derniers parce que je ne comprends pas leurs besoins, d’autant plus qu’ils ne parlent pas encore. J’ai donc choisi un domaine qui me convient: la coopération avec le Sahel, mais là presque tout manque de la part des autres, des sympathisants et des donateurs.

Le niveau des sites de rencontres n’est pas du tout adapté aux besoins des surdoués et faire du bénévolat chez d’autres, c’est s’exposer à des contraintes que d’autres veulent vous imposer, alors qu’une surdouée comme moi n’accepte que les contraintes qu’elle s’impose elle-même. Parce que les contraintes que les autres imposent me font souffrir bien plus que ces mêmes contraintes font peut-être souffrir les gens dits normaux, ceci en raison de cette hypersensibilité que nous avons et que d’autres n’ont pas.

Vivre dans un appartement entourée de gens soi-disant normaux qui vivent leur vie sans se préoccuper des autres est une souffrance de manque qui dure depuis trop longtemps. On pourrait créer des clubs, Salon Rahel-2des salons comme au temps de Rahel Levin pour échanger des idées, et si l’on ne peut pas compter sur l’État qui s’est allié aux puissants pour dépouiller le peuple, on pourrait créer une coopérative, acheter un petit appartement que l’on aménagerait entre nous et qui serait réservé à des rencontres intéressantes autours d’idées à discuter. Un lieu sans cigarettes et sans soulards, sans vulgarité et sans méchanceté, un havre de paix pour une soirée. Ce sont des choses plus faciles à réaliser à Paris. A Strasbourg ou dans ce trou dans lequel je végète toujours, cette idée semble totalement saugrenue. Il faut partir puisqu’on ne peut plus rester. Il faut s’exiler puisqu’on n’est pas la bienvenue.