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90-Surdouance, colère et punition

En y réfléchissant un peu, que l’on soit zapar ou pas, lorsqu’on est en colère contre quelqu’un, beaucoup, sans doute même la plupart d’entre nous pensent à punir l’autre pour ce qu’il ou elle a fait. Dans mon cas personnel, je suis impuissante, sinon je punirais bien ceux qui m’ont exclue de leurs relations sociales, ceux qui me refusent la coopération, ceux qui me refusent l’aide alors qu’ils ont les moyens de le faire, ceux qui m’ont volé mon argent par le truchement du capitalisme et ceux qui ne veulent pas jouer le rôle d’assurance, mais voilà je suis la plus faible, et ils appliquent la loi du plus fort, je n’ai donc aucune chance.

Ils ont appliqué des jugements moraux sur moi, que j’étais sans intérêt, que j’étais arrogante, que je ne faisais pas d’efforts, que j’étais trop complexe, trop intelligente, trop impatiente, trop de tout etc. Ce qu’ils ont obtenu en retour, ce sont évidemment mes jugements moraux, à savoir qu’ils sont trop bêtes pour comprendre, trop égoïstes pour partager, trop paresseux pour faire des efforts et que le meilleur que je puisse faire, c’est de les ignorer.

En regardant ce petit manège avec un regard extérieur, on se rend bien compte que ce n’est ni bon pour l’une ni pour l’autre partie des relations et encore moins pour les deux. Juste que, comme je ne joue aucun rôle dans la vie de l’autre, donc si je n’apparais plus, il/elle n’en souffre pas, il y en a tant d’autres avec lesquels on peut passer son temps, alors que de mon côté il y a souffrance lorsque la relation est brisée.

Rosenberg MarshallSelon feu Marshall Rosenberg, la punition n’est pas une réponse à mes besoins, du moins pas constructive. Il faudrait que je me pose deux questions:

1. Qu’est-ce que je voudrais que l’autre fasse différemment?

Dans le cas de parents face à des enfants, il est clair qu’en punissant un enfant pour qu’il fasse différemment une chose que les parents veulent qu’il fasse, cela peut souvent marcher, mais sans doute tout aussi souvent provoquer une réaction contraire, à savoir que l’enfant boude et fait encore plus de ce qu’il ne devait pas faire. Dans un tel cas, la punition n’est donc pas la réponse idéale. Le neurobiologiste allemand, Prof. Dr. Gerald Hüther, dit d’ailleurs qu’il ne faudrait ni punir les enfants, ni leur faire des éloges. Ce serait à tester…

2. Qu’est-ce que je voudrais que l’autre ait comme motivation pour faire ce que je lui demande de faire?

En tant qu’adultes, la réponse est sans équivoque, si l’autre ne doit pas faire quelque chose par peur d’une punition, cela nous paraît même ridicule. Même si nous pensons à certaines personnes dans des entreprises hiérarchiques, dans des relations hiérarchiques où des adultes font des choses par peur d’une punition de la part de quelqu’un qui applique la loi du plus fort. Mais en tant que parent face à un enfant, j’aurais tendance à penser que souvent la fin justifie les moyens, à savoir qu’on veut que l’enfant fasse une chose d’une certaine manière, que ce soit par crainte d’une punition ou par volonté propre, ce n’est pas notre problème majeur en vue de l’obtention du résultat.

Rosenberg - Ressources de la colèreMarshall Rosenberg nous explique: “Je suis convaincu qu’avec un minimum de conscience, nous constaterons que nous aimons que les autres agissent de leur plein gré, parce qu’ils comprennent clairement que leurs actions donnent du sens à leur vie. Toute autre forme de motivation risque d’être un obstacle à la compassion naturelle que nous avons les uns pour les autres.” Je ris jaune en lisant ces derniers dix mots, car cette compassion naturelle, je ne l’ai plus rencontrée depuis des lustres. Je ne serais pas dans la situation dans laquelle je me trouve, si ce que Marshall écrit était réel et non une utopie. Tout comme ce minimum de conscience, c’est aussi une chose que je cherche désespérément chez les autres.

Comme le titre du livre de cet auteur est “Les ressources insoupçonnées de la colère“, on va donc dorénavant prendre la colère comme une matière première pour construire quelque chose de positif, je suis curieuse de voir si ça marche sur moi et les autres et je me réjouis aussi d’étudier la suite où Marshall écrit “Mon but est notamment de montrer comment le processus de la communication non-violente nous aide à exprimer pleinement notre colère“. Je suis tellement en rage parfois que j’ai encore du mal à l’imaginer, mais je me laisse surprendre.